dimanche 30 novembre 2008

LauRent GaUDé



Le 1er m'a été offert il y a quelques années pour un Noël par mon grand frère... je l'ai lu, dévoré et de mon souvenir adoré. Il y a quelques semaines j'ai entre aperçu le dernier de ses romans "La porte des Enfers" sur la table d'un libraire... 4ème de couverture alléchante, l'univers de l'Italie m'a tout de suite attiré...le prix m'a conduit à le reposer! C'est moche, pour une histoire de pépètes mais un roman à 20e c'est deux ou trois bonnes affaires chez mon libraire d'occasion... il faut parfois faire des choix...Les jours passent, j'oublie... Mais comme les choses sont bien faites (parfois, la vie a aussi ses mauvaises surprises...) en visite chez les parents j'ai trouvé dans l'armoire de l'aîné un Gaudé qui traînait..."le soleil des Scorta" ni une ni deux je l'empreinte. il me sera de bonne compagnie pour les trajets de train des jours à venir. Il n'a pas résisté 72H et vraiment c'est une merveille. je n'en dirai pas plus sur celui-ci ni les autres d'ailleurs sinon je vais tout raconter... Mais vraiment je ne peux que le conseiller. Même mon amoureux qui n'aime pas l'Italie apprécie ce bouquin. Perso j'adore l'Italie et cette Italie là, celle de ce roman est celle qui me plaît. C'est "un récit simple et tendu, qui démarre en 1875 dans les ruelles écrasées de chaleur de Montepuccio (.. .) dont on ne sortira qu'un siècle plus tard, témoins, comme des vieux sur un banc public, des malédictions qui frappent la famille Scorta Mascalzone".
L'écriture de cet auteur , l'univers et les histoires qu'il raconte sont d'une simplicité et d'une véracité merveilleuse. J'ai depuis, lu également ( quand on aime on ne compte pas...) "Eldorado" sur les émigrés clandestins... exceptionnel aussi. je me répète mais je ne sais quoi ajouter tellement cet auteur dramaturge me transporte. Et depuis hier j'ai commencé "Cris..."


Pour le plaisir et parce qu'il est certain qu'il parle mieux de ses livres que moi...
Morceaux choisis d' INTERVIEWs DE LAURENT GAUDE
Propos recueillis par Thomas Yadan et Thomas Flamerion pour Evene.fr -

"Comment définir l'écriture de Laurent Gaudé ?
Je veux avant tout qu'elle s'imprègne de l'énergie de l'épopée ou de la tragédie. Ce souffle-là, original, qui sort de la réalité, qui sort du minimalisme, contrairement aux livres qu'on vient d'évoquer. Ca, c'est le pari à chaque fois. J'aimerais bien qu'on retrouve une identité de la langue telle que je la travaille avec cette présence de l'oralité. Il y avait ça dans "la Mort du Roi Tsongor" et dans ce livre-ci, avec les monologues de Giuliana, la mère de l'enfant assassiné. J'aime bien quand les personnages parlent, quand ils se lancent dans de longs monologues. J'aime la répétition... C'est probablement dû à mes débuts comme auteur de théâtre. Et puis il y a des thèmes qui m'intéressent : ceux de la transmission, de la violence, de la vengeance, de la honte, du voyage initiatique. Ce sont des choses que l'on retrouve d'un livre à l'autre, que j'interroge constamment."



Etes-vous d’accord si l’on dit qu’‘Eldorado’ est un roman humaniste ?

Je suis très pour !... si on prend l'humanisme au sens de la devise telle qu’elle était à l’origine. "Je suis homme et rien de ce qui est homme ne m’est étranger." C’est une définition de l’écriture telle que je l’aime. Je vis en France, je suis heureux, mais par l’écriture je peux m’approprier des réalités humaines qui ne sont pas les miennes, et tenter d’en dire quelque chose par une forme de recherche et d’empathie. J’aime voir l’écriture comme une capacité de projection dans des réalités différentes, historiquement ou géographiquement, de ce que je vis moi. C’est comme ça que je vois l’humanisme : être capable d’être en sympathie - au sens étymologique - avec des choses lointaines, certes, mais humaines donc proches quand même.

Ressentez-vous une pression particulière avec la sortie d’‘Eldorado’, deux ans après avoir obtenu le Goncourt pour ‘Le Soleil des Scorta’ ? Craignez-vous de décevoir ?

(...)René Charles parle de "l’honneur cruel de décevoir." C’est un honneur d’avoir le risque de ne pas plaire. Cela signifie qu’on est attendu. C’est plus beau que d’être dans le silence et l’invisibilité totale.
Résumés des bouquins présentés ici ( il y en a d'autres...) :
La Mort du roi Tsongor : " Au sein d'une Afrique ancestrale, le vieux Tsongorr, roi de Massaba, souverain d'un empire immense, s'apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate. Le roi s'éteint mais ne peut reposer en paix dans sa cité dévastée. A son plus jeune fils, Souba, échoit la mission de parcourir le continent pour y construire sept tombeaux à l'image de ce que fut le vénéré - et aussi le haïssable - roi Tsongor. "
Le Soleil des Scorta :" L'origine de leur lignée condamne les Scorta à l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du Sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage(...) Roman solaire, profondément humaniste, le livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.
Eldorado : " Gardien de la Citadelle Europe, le commandant Piracci navigue depuis vingt ans au large des côtes italiennes, afin d'intercepter les embarcations des émigrants clandestins. Mais plusieurs événements viennent ébranler sa foi en sa mission. Dans le même temps, au Soudan, deux frères (bientôt séparés par le destin) s'apprêtent à entreprendre le dangereux voyage vers le continent de leurs rêves, l'Eldorado européen... "
Cris : Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M'Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d'où ils s'élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l'insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore retentit l'horrible cri de ce soldat fou qu'ils imaginent perdu entre les deux lignes du front : 'l' homme-cochon'. A l'arrière, Jules, le permissionnaire, s'éloigne vers la vie normale, mais les voix des compagnons d'armes le poursuivent avec acharnement. Elles s'élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité, prenant en charge collectivement une narration incantatoire, qui nous plonge, nous aussi, dans l'immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes.

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